Usine Supergel / L'histoire
LA BRASSE COULEE
La raison de son courroux ? La brasse coulée proposée par l’association Usine Supergel suite à la vente de ce bâtiment public dont le collectif avait l’usage à un couple d’investisseur privé.
DISCOURS DE FIN
Discours prononcé le 12 décembre 2016 devant la Mairie en présence des membres du Collectif Usine Supergel.
Merci à toutes et à tous d’être présents aujourd’hui.
Ce matin, nous souhaitions nous réunir pour remercier celles et ceux qui nous ont affiché leur soutien en signant la pétition. Nous remercions tout particulièrement Muelle Hélias, qui est à l’origine de cette démarche, merci à elle pour la spontanéité avec laquelle elle nous a contacté et pour la générosité de son geste.
Aujourd’hui, nous prenons acte du choix de Mr Le Maire de vendre le bâtiment Supergel pour la réalisation d’un projet privé. C’est pourquoi nous avons décidé de ne pas aller plus loin dans nos actions et ainsi mettre un terme à notre aventure, pas seulement celle d’un projet immobilier mais surtout une aventure collective qui existe depuis plus de 15 ans.
A l’origine l’association Usine Supergel s’appelait « Ma Friche Mar plij ». Elle avait vu le jour à la fin des années 90, lorsqu’un collectif d’artistes s’était installé dans les locaux des affaires maritimes. Beaucoup se souviennent encore du Festival des Arts Dinent A L’Huile, qui a vu le jour à cette époque.
Puis quelques années plus tard, en 2006, à la suite de la vente du bâtiment, les artistes du collectif « Ma Friche mar plij » furent relogés par la Mairie de l’époque dans l’Usine Supergel, baptisée alors « la friche ».
Depuis 2006, l’Usine Supergel était un lieu de travail permanent pour des artistes de Douarnenez, mais aussi un lieu d’accueil temporaires d’artistes d’ici et d’ailleurs à travers ce que l’on appelle des résidences. Des compagnies y créaient leur spectacle, des plasticiens y préparaient leurs expos, sur des périodes de travail consacrées. Souvent cela aboutissait à des restitutions publiques permettant d’ouvrir le lieu aux habitants et d’initier des moments de partage. De nombreux artistes ont un jour posés leurs valises et leurs pinceaux dans l’une des pièces à l’état brut. Supergel a vu naitre des pièces de théâtre, des expositions s’y sont déroulées, une bulle s’y est même gonflée.
Dans ce lieu résidait de manière permanente les Compagnies de théâtre Tintamar, Dzinvolt et Gigot Bitume, le Collectif de la Meute, l’Association des sardines volantes, Sillages, des artistes indépendants, notre doyen le sculpteur Marcel Larour, la réalisatrice Sophie Morice Couteau, le réalisateur François Bétout, les plasticiens Paul Brunet, Camille Girard, Yoan Sorin, Anne Cognard.
Il y a un peu plus d’un an et demi, avec l’appui de l’adjointe à la culture, nous avons sollicité la ville, propriétaire du lieu, pour des travaux de rénovation. En effet, le bâtiment en friche subissait les effets du temps. C’est à la suite d’une visite des élus que nous avons appris la décision de la ville de mettre en vente le bâtiment.
Alors nous avons commencé à rêver. Et si la vente, plutôt que de signer la fin, était l’opportunité d’imaginer un projet social, artistique et culturel plus large ouvert sur la ville s’inspirant des modèles tels que l’hôpital pasteur à Rennes ?
Dès lors, nous avons consacré beaucoup de temps et d’énergie à l’écriture et à la réflexion. Alors que Douarnenez Habitat s’intéressait également au bâtiment pour la réalisation de logements sociaux, nous nous sommes aperçu en les rencontrant et en échangeant avec eux, que nos projets étaient non seulement compatibles mais complémentaires. Merci à eux de nous avoir enrichi de leur réflexion, d’avoir donné une autre dimension à notre projet.
Le projet permettait de répondre aux problématiques sociales, en offrant de nouveaux logements sociaux situés en cœur de ville. Il offrait des espaces de travail pour les acteurs culturels de la commune et d’ailleurs. Aussi notre projet intégrait pleinement les restos du cœur dans le bâtiment. Ce projet devait tisser un lien entre le port de pêche et le centre-ville, et participer à la redynamisation du port de pêche.
En rassemblant sur un même lieu et autours d’un projet commun des compétences pluridisciplinaires locales, (Douarnenez Habitat, L’association Usine Supergel et le cabinet d’architectes Studio Urvois), une nouvelle ambition se dessinait pour ce lieu, celle de mettre en valeur le site en développant une programmation multifonctionnelle répondant aux besoins de plusieurs acteurs économiques, sociaux et culturels de la Ville.
Il était imaginé par des citoyens qui vivent et travaillent à Douarnenez, qui en connaissent les tissus socio-économique et culturel. Il nous semblait en accord avec l’histoire de la ville et son patrimoine architectural. Il nous paraissait majeur en termes d’investissement (travaux estimés à 1,8 million d’euros, qui allaient permettre des retombées économiques pour les entreprises locales. Il nous semblait innovant sur la forme, ce qui allait améliorer l’image de notre ville et participer à la capacité de résilience des villes moyennes de bord de mer confronté à des problématiques d’attractivité économique.
Ce projet nous le défendions avec nos idées, nos valeurs mais aussi et surtout avec notre cœur. Nous étions animé par la foi d’en faire un lieu atypique par sa mixité et son ouverture. Et nous pensions naïvement que ces arguments pourraient toucher les élus qui soit disant mènent une réflexion sur la revitalisation et l’amélioration de l’attractivité économique de la ville. Malgré l’opportunité qui nous a été donné de présenter notre projet, nous regrettons l’absence de débat qui ne nous a pas permis de le défendre face à un projet privé.
Ce qui nous inquiète c’est que ce lieu emblématique dans l’histoire de la ville perde son identité et connaisse le même destin tragique des bâtiments tels que : les affaires maritimes, l’Usine Rouge, l’ancien hôpital, aujourd’hui laissés à l’abandon.
A présent nous, les artistes occupants le lieu, cherchons tous des solutions individuelles de relogement pour poursuivre nos activités, là ou l’Usine Supergel permettait d’y répondre collectivement.
Cette ancienne usine, nous y serons éternellement attachés, elle nous aura permis d’élaborer nos projets, de fabriquer nos utopies. Nous ne regrettons rien et surtout pas d’avoir essayer d’inventer des solutions collectives à des problèmes d’actualités. Cette aventure nous aura permis d’éprouver nos idées, de les confronter à la réalité, d’exposer la diversité de nos interprétations du monde, de rêver.
Nous vous invitons à présent à faire comme notre projet : « plouf plouf ». Oui nous allons partager ensemble un moment de tendresse en rejoignant à la nage notre chère mairie pour y déposer les signatures de la pétition. Puis après nous vous invitons à rejoindre l’événement « Fraternité », une autre action collective autour d’un sujet fort et d’actualité qui se déroule sur la place des halles.
L’association Usine Supergel.
LA RENCONTRE
Pièce de théâtre en 1 acte de 21 minutes pour deux personnages, un citoyen, président d’association et comédien et un Sénateur Maire.
Peu de décor particulier, si ce n’est l’utilisation d’une porte à la fin.
Citoyen A : Voilà, je viens vous voir au sujet de l’annulation des visites décalées…
J’aimerais savoir pourquoi, enfin comprendre pourquoi vous les avez annulés…
Silence…
Elu B : Comprendre ? Tu veux vraiment comprendre ? Vraiment ? Un mec qui
fout le bordel dans toute la ville, qui lance une pétition, qui envoie des lettres à la
presse qui lance des rumeurs, qui casse du sucre sur les élus, et faudrait que la
ville lui fournisse du travail ? Non mais faut pas déconner.
Citoyen A : Je crois que vous mélangez tout Mr Le Maire. Vous mélangez le sujet
Supergel, qui d’ailleurs est clos et mon activité professionnelle.
Elu B : Ah oui ? Je ne crois pas non. Celui qui devait jouer le spectacle c’est bien
toi ?
Citoyen A : Comment ?
Elu B : Celui qui jouait dans la pièce, c’était toi ?
Citoyen A : Heu, Oui
Elu B : Et la pétition ?
Citoyen A : Ce n’est pas moi qui l’ai créé ?
Elu B : Ah oui et qui est ce qui est venu la déposer à la Mairie alors ? C’est pas toi
peut-être ?
Citoyen A : C’est moi, avec le collectif et un groupe de personne.
Elu B : C’est bien ce que je dis, c’est toi, c’est la même personne, donc j’ai raison.
…
Elu B : … Et puis à cause du bordel que t’as foutu, on m’accuse de tout, on m’a
même reproché de ne pas faire voter la vente des Arcades…
Citoyen A : Les Arcades ?
Elu B : Oui les Arcades ?
Citoyen A : L’ancien restaurant ouvrier ? C’est absurde.
Elu B : C’est ça.
Citoyen A : Mais c’est un vente privé ? Enfin, je m’excuse mais je n’y suis pas
responsable des rumeurs à votre sujet.
Elu B : Et bien si !
Citoyen A : Enfin, je ne vois pas le lien des Arcades avec ce pourquoi je suis ici.
Elu B : On m’a même accusé de mettre mes billes dans un des appartements de
luxe.
Citoyen A : Oui, mais ça Mr le Maire, c’est Douarnenez et ce n’est pas moi qui vais
vous l’apprendre, ca fait à présent 10 ans que vous êtes à la tête de la ville.
…
Elu B : Une brasse coulée… Non mais franchement, on nage en plein délire… Tu te
rends compte de l’image que ça donne de la ville ? On est ou la ? On marche sur la
tête ?
Citoyen A : C’était l’occasion de mettre un terme à notre association et nos
actions avec humour.
Elu B : Tu as foutu le bordel avec ta pétition, tes lettres dans la presse…
Citoyen A La pétition ce n’est pas moi qui en est à la l’origine c’est une citoyenne.
Elu B : Ah oui ? Et qui est-ce qui est venu la déposer en Mairie ?
Citoyen A : Je suis venu les déposer en tant que président de l’association et je
me devais d’aller au bout de la démarche et de remercier les 800 personnes qui
l’ont signé.
Elu B : Et bien je suis désolé mais il fallait arrêter avant, tant pis. Et puis j’ai
compté les signatures il y a en a pas 800 ! Ah non il est hors de question que la
ville donne du fric à quelqu’un qui lui tape dessus…
…
Elu B : Ah non, vous avez foutu le bordel à mettre des pétitions, des courriers
dans la presse, sur facebook. Je l’ai dit à Claudine, j’espère que c’est pas Ronan Le
Fur qui derrière tout ça… Et puis j’ai appris des choses qui ne m’ont pas fait
plaisir du tout.
Citoyen A : ?
Elu B : Apparemment tu t’es fait du fric sur le dos de la ville ?
Citoyen A : Comment ?
Elu B : J’ai appris que tu faisais de la sous-location d’un bien public ?
Citoyen A : Vous parlez des participation de 20 euros/semaine que l’on
demandait au Cie accueilli en résidence ? On établissait des conventions
d’accueil.
Elu B : Ah oui ? je les ai jamais vu ? Je n’étais pas au courant ! Tu t’es fait du fric ?
C’est interdit !
Citoyen A Enfin Mr le Maire cela fait 10 ans que l’association existe, et puis cette
participation n’est pas une sous-location comme vous le dites mais ubne
participation aux frais de l’association ?
Elu B : Des frais ? Quels frais ?
Citoyen A : Les frais d’électricité et ceux relatifs à la gestion de l’association.
Enfin c’est étrange que vous ne soyez pas au courant car tout est inscrit dans le
budget de fonctionnement que l’on vous a adressé l’année dernière dans la
demande de subvention de 500 euros que vous nous avez accordé ?
Elu B : On m’a pas dit.
Citoyen A : Enfin ca ce n’est pas de ma faute Mr Le Maire.
Elu B : Enfin vous vous êtes fait du fric en sous-louant des locaux municipaux!
Citoyen A : Mais enfin puis ce que je vous dis que d’une part cela est inscrit dans
nos statuts et que ce n’est pas un loyen mais une participation aux frais inhérents
à la gestion du lieu.
….
Elu B : Et puis le jour de la présentation des dossiers vous n’êtes même pas venu
présenter le projet avec Douarnenez Habitat ?
Citoyen A : On nous avait dit de ne pas venir car nous ne portions pas le projet.
Elu B : Qui on ?
Citoyen A : Votre première adjointe, élue à la culture.
Elu B : Ce n’est pas moi ! Donc moi je ne vous ai rien dit !
Citoyen A : Enfin…Pfff. Je pense que nous n’avons fait que poser des questions.
Difficile à entendre, peut-être, mais nous n’avons jamais été agressif ou insultant
et je regrette les propos diffamatoires à votre égard, inscrits sur la pétition,
cependant je pense que dans cette histoire vous avez une part de responsabilité
de part la manière dont vous avez géré ce dossier en refusant le débat à l’issue de
la présentation des dossiers…
Elu B : Refuser le débat… Pifff… Je suis sorti fumer une cigarette et apparemment
j’aurais refuser le débat… Tu sais, je vais te dire quelque-chose… On ne mord pas
la main qui te nourrit… »
…
Citoyen A : Et puis sur le sujet de la piscine, on ne remet pas en cause la
construction d’une piscine, je voulais simplement mettre en avant le fait que
techniquement à l’emplacement indiqué c’est impossible d’en construire une, on
est sur de la roche.
Elu B : Il fait ce qu’il veut, ce n’est pas ton problème. Vous n’avez pas à faire
d’ingérence ou à interférer dans les affaires de la Mairie.
Citoyen A : Mais c’est grave, cela signifie que vos élus ont peut-être voté pour ce
projet en raison de la piscine, mais qu’au final, s’il ne réalise pas ce qu’il vous a
promis cela ne vous pose pas de problème ?
Elu B : Ecoute, s’il a envie de faire une piscine, il fera une piscine, si le ne veut
rien faire, il ne fera rien, c’est son problème !!! Il fait ce qu’il veut !!! Tu n’as pas
idée de ce que c’est que de gérer une municipalité.
…
Citoyen A : Mr le Maire, est-ce que la compagnie gigot bitume rejouera bientôt à
Douarnenez ?
Elu B : En ce moment c’est niet !
Citoyen A : Ca ne répond pas à ma question Mr le Maire, jusqu’à quand la
compagnie gigot bitume ne rejouera pas sur la commune ?
Elu B : je te dis qu’en ce moment c’est niet !
Citoyen A : Mais niet, ce n’est pas une réponse Mr le Maire. J’ai besoin de savoir,
de comprendre.
Elu B : Je te dis que c’est niet, un point c’est tout.
Citoyen A : En fait vous faites un caprice ?
Elu B : Un caprice !!! Je fais un caprice !!! Sors de mon bureau ! Tout de suite ! (il
se lève rejoint la porte, l’ouvre) Sors !
Citoyen A: En revoir Mr Le Maire.